Autour du deuil, un beau texte

Juste une minute

Un trésor de poésie comme nous avons parfois la chance de le découvrir lorsque le deuil laisse place à la joie de la séparation. Les équipes funérailles vous partagent ce poème d’une petite fille à sa grand-mère (voire arrière grand-mère). La foi n’est pas exprimée mais les mercis à Dieu s’échelonnent en filigrane dans cette grande disponibilité propre au grand âge.

Poème d’Aimy :

Viens te reposer sur mon épaule. Juste une minute avec toi ; pour caresser tes joues douces et réconfortantes, sculptées par le temps.

Viens me raconter les mots de velours confiés en silence.

Me parler des pêchers en fleurs dans la Drôme, du temps des cerises, de mes joues qui rougissent quand je te raconte mes histoires d’amour.

Laisse moi te cuisiner des bons petits plats, préparer avec justesse comme la soupe aux cailloux et le velouté pelouse que je te préparais les dimanches sous le grand figuier de la cour.

Montre-moi encore une fois ton sourire de fierté sur ton visage.

Laisse-moi peigner tes cheveux doux et grisonnants, ou t’émerveiller avec mes défilés de mode confectionnée avec tes plus belles couvertures en laine bleu ciel.

Voudras-tu me chanter une dernière fois les aventures de dame tartine pour m’endormir dans tes bras ?

Juste une minute, pour réentendre le son de ta voix qui résonne dans mon cœur.

J’ai peur pour la première fois de te voir loin, si loin de moi.

De ne plus voir ton caractère aussi vif que le soleil en pleine canicule.

Sentir ta main forte et solide qui me pousse vers la vie.

Quand la nuit tombe, j’aimerais t’écrire des rivières de jolis mots.

Je te les laisserais en dessous de la lune qui chante ainsi que les bruits sourds des « tu me manques » qui danse.

Juste une minute pour t’observer depuis ma fenêtre, briller encore plus fort que les étoiles qu’il fasse jour ou qu’il fasse nuit.

Promis, je t’enverrais les oiseaux pour te chanter tous les je t’aime que j’ai pour toi.